1 décembre 2020 — L'honorable Landon Pearson — Interpellation--Ajournement du débat
L’honorable Rosemary Moodie
Ayant donné préavis le 5 novembre 2020 :
Qu’elle attirera l’attention du Sénat sur la carrière de l’honorable Landon Pearson, ancienne sénatrice.
— Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à une Canadienne remarquable, l’ancienne sénatrice Landon Pearson, qui a récemment célébré son 90e anniversaire.
L’ancienne sénatrice Landon Pearson a consacré 65 années de sa vie à essayer d’améliorer le sort des enfants, au Canada et à l’étranger. Au cours de sa brillante carrière, elle a aussi publié des écrits, donné des conférences, fait du bénévolat et été conseillère scolaire, épouse de diplomate et mère. Aujourd’hui, alors qu’elle poursuit l’œuvre de sa vie, elle continue de s’exprimer avec vigueur, clarté et autorité.
L’ancienne sénatrice Landon Pearson a énormément fait pour les enfants. Elle a été une chef de file et une militante pour l’établissement des droits de l’enfant, et ce, avant même que ces droits ne soient officiellement reconnus par la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
Son pouvoir vient d’une vie consacrée aux enfants. Elle a démontré l’utilité de dédier sa vie aux plus vulnérables et, ce faisant, montré que la passion et le dévouement d’une seule personne peuvent enrichir toute une société.
L’ancienne sénatrice Landon Pearson a contribué à changer le discours sur les droits de l’enfant au Canada. Elle a fait en sorte que les enfants puissent donner leur avis. Elle a amené les enfants et les adultes à travailler ensemble pour trouver des solutions, au lieu que ce soit des adultes qui cernent les difficultés auxquelles les enfants faisaient face sans leur demander leur avis, adoptant ainsi une toute nouvelle façon de faire.
Née à Toronto le 16 novembre 1930, Landon Pearson a grandi dans une famille aimante dans une petite ville du Sud-Ouest de l’Ontario. On l’a toujours encouragée à tracer sa propre voie. Elle attribue son sens de l’équité à son éducation.
Elle a déjà dit : « Beaucoup de gens s’intéressent à la défense des droits de la personne après avoir été victimes d’oppression. J’appartiens à l’autre groupe ». Cette sensibilité à l’injustice a eu une incidence à la fois sur sa carrière et sa vie personnelle. En tant que mère, elle a essayé d’inculquer à ses enfants le même sens fondamental de l’équité qu’elle a connu en grandissant.
Landon Pearson a obtenu un baccalauréat en philosophie et en anglais de l’Université de Toronto en 1951. Elle a rencontré Geoffrey Pearson, l’un des cinq fils de Lester B. Pearson, alors qu’elle fréquentait l’université et l’a épousé immédiatement après avoir obtenu son diplôme. Elle a accompagné son époux à Oxford, où il a obtenu sa maîtrise.
Une fois qu’il est devenu diplomate, la vie retirée que menait la sénatrice Pearson s’est rapidement enrichie lors de ses voyages avec leur famille grandissante en France, au Mexique, en Inde et dans l’ancienne Union soviétique. Chaque fois que la famille changeait de pays, les yeux et le cœur de la sénatrice Pearson s’ouvraient aux défis et à la diversité du vaste monde. Elle a souvent mentionné que d’observer ses enfants s’adapter à leur nouvel environnement et de les aider à apprendre de leur expérience alors qu’ils se familiarisaient avec leur nouvel environnement lui avait permis de mieux comprendre leurs besoins. Elle a souligné l’importance d’offrir aux enfants un soutien familial solide et les outils nécessaires pour s’épanouir pleinement.
Dans les années 1980, la sénatrice Pearson était l’une des figures de proue du travail de la Commission canadienne pour l’Année internationale de l’enfant et elle a d’ailleurs rédigé le rapport de la commission. Ce rôle l’a amenée à voyager dans tout le Canada pour recueillir directement les opinions des enfants et pour constater leurs problèmes de ses propres yeux. Comme elle l’a dit dans son premier discours au Sénat, c’est alors qu’elle a pris conscience « de la mesure dans laquelle les lois et les décisions gouvernementales ont des répercussions sur la vie des enfants, parfois par inadvertance ».
De 1984 à 1990, elle a été présidente du Conseil canadien de l’enfance et de la jeunesse. Elle a œuvré dans de nombreux organismes communautaires et elle a joué un rôle déterminant dans la conceptualisation et la mise en œuvre du programme Children Learning for Living. Elle est l’un des membres fondateurs de la Coalition canadienne pour les droits de l’enfance, dont elle a été présidente de 1989 à 1994, année où elle a été appelée au Sénat.
L’ancienne sénatrice Pearson a été appelée « la sénatrice des enfants » par le premier ministre Chrétien quand il l’a nommée pour parler au nom des millions de Canadiens de moins de 18 ans laissés-pour-compte parce qu’ils n’ont pas le droit de voter.
En tant que sénatrice, elle ne parlait pas au nom des enfants; elle leur permettait plutôt de s’exprimer en les incluant dans des réunions. En 1991, elle a même fait venir des enfants au siège des Nations unies pour la ratification par le Canada de la Convention relative aux droits de l’enfant.
La sénatrice Pearson insistait vivement pour que toutes les politiques gouvernementales touchant les enfants soient examinées selon leur incidence sur la vie de ces derniers. Elle croyait qu’il fallait constamment affiner son point de vue et adopter une approche individuelle plutôt que des politiques universelles. Elle concentrait ses efforts sur le travail des enfants, la justice pénale pour les adolescents, la protection de l’enfance, la santé des enfants et la santé prénatale des femmes.
En 1996, grâce à sa réputation de défenseure des droits des enfants, elle a été nommée conseillère pour les droits des enfants auprès du ministre des Affaires étrangères et de trois ministres successifs. Ce poste lui a permis de contribuer à la réputation du Canada en tant que défenseur des droits des enfants. Elle a régulièrement conseillé le ministre sur des questions touchant les enfants dans des politiques étrangères ou intérieures.
En 1999, elle a été nommée représentante personnelle du premier ministre Jean Chrétien à la Session extraordinaire des Nations unies de 2002 consacrée aux enfants.
La sénatrice Pearson a pris sa retraite du Sénat le 16 novembre 2005 quand elle a atteint l’âge de la retraite obligatoire. Son dernier acte au Sénat a été une étude de la mise en œuvre par le Canada de la Convention relative aux droits de l’enfant; elle en a conclu que le Canada avait pris trop de temps pour mettre en œuvre les mesures nécessaires pour garantir les meilleurs résultants pour les enfants.
Depuis, elle a fondé le Centre de ressources Landon Pearson pour l’étude de l’enfance et des droits de l’enfant de l’Université Carleton en faisant don de toutes les ressources qu’elle avait recueillies en la matière. Elle a pris sa retraite du poste de directrice du centre en 2010, mais elle continue d’y contribuer.
Chers collègues, quelles leçons pouvons-nous tirer de l’histoire d’une telle femme et d’une vie si bien remplie? Je pense qu’elles sont nombreuses. Nous pouvons apprendre de la sénatrice Pearson que la meilleure chose à faire, lorsqu’on a eu la chance de vivre une vie heureuse et d’être en bonne santé, c’est de consacrer sa vie à ceux qui sont moins chanceux.
Nous pouvons aussi tirer comme leçon que la meilleure façon d’utiliser sa voix, c’est de la prêter à ceux qui n’en ont pas. Nous pouvons voir, dans ses œuvres, de véritables progrès significatifs. Cependant, nous pouvons aussi voir le travail qu’elle nous a légué, soit de rendre notre démocratie plus accueillante pour les enfants. C’est une tâche qui n’a pas encore été menée à bien.
Nous devons songer aux répercussions des lois sur les enfants et les jeunes, car ils n’ont pas une voix forte au sein de notre démocratie. De plus, chers collègues, les droits des enfants et des jeunes font toujours l’objet de débats.
L’ancienne sénatrice Landon Pearson avait une vision du Canada où tous les enfants ont la possibilité de grandir et de s’épanouir, indépendamment de l’endroit où ils habitent, de leur sexe, de leur race ou de tout autre facteur.
C’est une vision partagée par d’innombrables Canadiens qui croient que les institutions canadiennes devraient accorder la priorité aux enfants. C’est pour cette raison qu’un si grand nombre de personnes ont joint leur voix à celle de la sénatrice McPhedran pour réclamer que davantage de Canadiens aient le droit de voter.
Je suis d’accord avec ces personnes, avec les nombreux sénateurs dans cette enceinte et avec Landon Pearson pour dire que les enfants doivent être une priorité. C’est la partie la plus importante de l’héritage qu’elle a laissé.
Landon Pearson nous a montré que la chose à faire, c’est de tenir compte des enfants dans tous les aspects de notre travail et de veiller à ce qu’ils soient une priorité. Nous nous souviendrons toujours d’elle comme étant la personne qui nous a appris cette leçon.
Je vous invite à vous joindre à moi pour remercier l’ancienne sénatrice Landon Pearson de son travail et de son héritage exceptionnels, et pour lui souhaiter un joyeux 90e anniversaire. Merci.